• Demain on travaille gratis ?

    Je recommande la lecture du magazine Courrier International sur lequel je suis tombé et qui consacre un dossier spécial sur les jeunes stagiaires en entreprise, que vous pouvez commander ici : http://www.courrierinternational.com/magazine/2011/1075-profession-stagiaire

    On y apprend ce qu'au fond, on savait déjà, plus ou moins : depuis 1990, certaines entreprises, dans une logique de réduction de coûts, ont décidé de recruter un nombre croissant de jeunes comme stagiaires, en vue de bénéficier d'une main d'oeuvre docile et bon marché. C'est ainsi que des jeunes qui travaillent douze heures par jour, sont payés au lance-pierres et se retrouvent dans des conditions sociales précaires, vivant dans des logements insalubres. Pour beaucoup, leurs parents sont d'une aide précieuse en vue de leur permettre de s'en sortir mais aussi de vivre... car sans eux, on imagine sans peine que faute de revenus suffisants, ils seraient contraints de vivre dehors, ou d'errer de foyer en foyer. Je me souviens encore du témoignage de cette fille ( qui avait fait une école de commerce ! ) à qui on proposait un stage à Paris payé 400 euros par mois, et qui avait eu cette interrogation de bon sens : " comment voulez-vous que je vive avec ça ? " Le gars lui a répondu : " il faut savoir ce que vous voulez ! "

    On en vient à se demander, parfois, si cet épineux problème de société dont se désintéresse totalement la gauche comme la droite, à peu de choses près ( vous y apprendrez, dans le magazine cité plus haut, que des directives sociales en faveur des jeunes stagiaires anglais ont été refusées non par par le gouvernement Cameron actuellement en place, mais par celui de Tony Blair ) arrange tout le monde : les chefs d'entreprise, assurément, qui peuvent bénéficier d'une main d'oeuvre très rentable, qui fait le boulot d'un salarié permanent sans être rémunérée, ou si peu... Les hommes politiques, qui se réjouissent que des jeunes entrent dans le monde du travail, même s'ils oublient dans quelles conditions... ne disent-ils pas : mieux vaut un emploi même précaire, que rien du tout ? Les syndicats enfin, car cela permet de protéger leurs membres qui ont déjà un emploi, au détriment des stagiaires qui ne sont là que pour un certains laps de temps... en gros la flexibilité pour les uns, la sécurité pour les autres...

    On en vient à se demander, finalement, si à l'image de l'expression " demain on rase gratis ", demain on ne travaillera pas aussi gratis. 


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